Japon - « Tokyo n'est pas celle que vous pensez »

Publié le par Kim & Christophe




L’ascenseur qui savait penser... Vous vous apprêtez à être expatrié par votre société à Tokyo, quatrième ville la plus chère au monde après Moscou, Londres et Séoul, et criez ô rage ô désespoir alors que vous découvrez avec horreur que la surface moyenne habitée par le commun des Tokyoïtes avoisine allègrement les 20m2 ? Candidat à l’expatriation ne paniquez pas. Vous vous apprêtez à pénétrer sans le savoir dans le cercle très fermé des « deux ou trois Français au monde qui habitent dans un 150m2 à loyer particulièrement modéré, voire inexistant, toutes charges et services compris ». Non, vous ne rêvez pas. Vous venez d’arriver à Roppongi, le quartier des expats par excellence, au pied de votre tout nouvel immeuble doté comme il se doit de sa conciergerie, de sa salle de gym, de ses salles de réunion et de son service de sécurité ultra sophistiqué. A l’heure où vous vous apprêtez à découvrir votre modeste F5, doté de ses trois chambres, de ses deux salles de bain typiquement Japonaises, de sa cuisine géante ouverte sur un double salon, lui-même ouvert sur un balcon avec vue imprenable sur la Tokyo Tower, un ascenseur vous attend déjà, toutes portes ouvertes, prêt à vous amener tout seul comme un grand très exactement à l’étage où se trouve votre appartement. Au cas où vous en douteriez, absolument tout a été pensé. Vous vous retrouvez inopportunément à court de papier toilette ? Pas de problème. Un petit bouton prévu à cet effet vous permet d’alerter immédiatement un membre du « personnel » qui se fera un plaisir de se précipiter ventre à terre afin de vous secourir d’une situation aussi délicate.

 

Manger et boire pas cher… Pause de midi avant de nous jeter dans la folie de Shibuya, le quartier des jeunes Tokyoïtes branchés peuplé de restaurants, de boutiques (et de jeunes Tokyoïtes donc) en tous genres. Histoire de ne pas nous ruiner dans le premier restaurant Japonais venu, nous décidons de nous arrêter dans notre cantine pas chère du coin, en réalité une chaîne typiquement Japonaise spécialisée dans les « donburi », plat traditionnel à base de riz et de fines tranches de bœuf, de porc ou de poulet délicieusement assaisonnées : « Yoshinoya ». Au menu, petite soupe « miso » et copieux bol de riz, disponible en version « normale », « large » ou « extra large », pour moins de 7 euros. A déguster directement attablés à un comptoir en compagnie d’homologues Nippons plus ou moins pressés. Le soir arrivé, petit apéritif à base de « shochu », alcool blanc distillé à base de céréales, autrefois utilisé comme détergent, qui a le grand mérite d’être beaucoup moins cher que son homologue le saké, tout en démontrant des vertus alcooliques tout aussi, voire plus efficaces (forcément pour le même prix, on peut en consommer dix fois plus).


 


 

Au pays des brochettes. Poursuivant sur une aussi bonne lancée, nous nous sustentons au sein d’un des « yakitoris », restaurant spécialisé dans les brochettes en tous genres, les plus populaires de Roppongi : Gonpachi. Nous nous laissons un temps impressionnés par le décor sur deux niveaux digne d’un plateau de cinéma (Tarantino se serait inspiré de cet endroit pour la fameuse scène de sabre à la fin de Kill Bill 1), le service raffiné et l’accueil jovial des cuisiniers qui s’affairent directement au centre de la salle, sous nos yeux affamés. Nous oublions un peu et décidons de nous offrir très royalement deux gros verres de vin blanc, chacun, afin de faire honneur à un tel enchantement culinaire. Nous nous en sortirons sans trop de dommages : moins de 45 euros, au total. Une envie matinale de poissons crus après une traditionnelle soirée karaoké ou fléchettes ? Direction le marché au thon de Tokyo, à la toute première heure du jour, afin de laisser littéralement fondre sous le palais quelques délicieux morceaux de sushis et de sashimis au thon tout fraîchement pêché, pour moins de 10 euros le set, accompagné de son bol de riz, et de son inséparable soupe miso.



 

Dormir pas cher. A première vue cela pourrait ressembler à une simple librairie spécialisée dans les mangas ou à un loueur de DVD. En réalité, c’est un espace où l’on peut dormir au sein de cabines privées, plus ou moins grandes, plus ou moins équipées. A l’entrée du « magasin », retrouvez ce qui ressemble à une réception, où l’on peut payer sa « cabine », choisir un peu de lecture parmi la très vaste collection de mangas à disposition de la clientèle, ou encore se prendre un ou deux films en DVD. A l’étage, toutes les cabines sont mitoyennes, séparées par de simples cloisons, font entre 1 et 2 m2, sont dotées d’une télé, d’un lecteur de DVD et/ou d’un ordinateur connecté à Internet. Selon le niveau de confort demandé, vous pouvez avoir droit soit à un confortable et large fauteuil en cuir, ou à un véritable lit couchette. Comme il s’agit principalement ici de dormir ou de se reposer, la lumière en ces lieux est judicieusement tamisée. Au vu de nombre de chaussures que nous avons aperçues soigneusement disposées à l’extérieur de certaines cabines, c’est aussi un endroit où se retrouvent les jeunes couples Japonais à la recherche d’un peu d’intimité et d’une nuit vraiment pas chère.  



 

L’empire du contraste. 01h du matin. Nous rentrons tranquillement à pied d’une savoureuse et gargantuesque dégustation de sushi en tous genres au centre du quartier de Roppongi. Un groupe de jeunes coiffés décoiffés dégradés déstructurés sur le côté discutent bruyamment téléphones portables dernière génération à la main devant l’entrée du restaurant. Un peu plus loin, des vendeurs de kebab occupent déjà les trottoirs tandis que deux jeunes lycéennes encore en chemisettes blanches, jupes plissées bleu marine et chaussettes blanches montantes repartent vers d’autres cieux. Nous nous apprêtons à remonter la colline conduisant vers l’appartement en passant par le vieux temple Tao du quartier lorsque nous croisons une jeune femme revêtue d’un magnifique kimono bleu, rehaussé de son traditionnel « obi » (grande ceinture de tissu refermant les kimonos). Elle avance lentement mais sûrement vers la rue principale de Roppongi, chaussée de ses petites « getas » en bois (« tongs » Japonaises). Nous ne manquons pas de passer sur notre chemin devant un « izakaya » (petit restaurant Japonais pas cher où l’on sert du saké à flot), d’où viennent de sortir un groupe de jeunes hommes passablement éméchés, qui chantent à présent à tue tête en attendant que l’un de leurs comparses finisse de vomir tout son dîner à même le trottoir. Un mariage vient d’être fêté. Nous le reconnaissons aux petits sacs labellisés qu’ils tiennent tous à la main, remplis de petits cadeaux offerts par les futurs mariés. Après tant d’émotions, nous décidons de nous relaxer un temps en nous arrêtant devant (et non dans) l’un des bars ultra branchés (et donc totalement hors de notre portée financière) du voisinage, qui a l’amusante particularité de disposer d’un très joli aquarium, remplis de gentils petits requins…



 

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